Interview Exclusive de Jacques Rémy Girerd (Mia et le migou)
Salut à tous les internautes, aujourd’hui je suis très fier de vous accueillir avec une belle surprise pour terminer ce premier mois de 2009. Le 10 Décembre 2008 sortait au cinéma Mia et le Migou, un superbe dessin animé tout droit sorti de l’imagination de Jacques-Remy Girerd, fondateur du studio Folimage. C’est donc un grand honneur pour ciné2909 d’accueillir ce réalisateur pour cette petite Interview Exclusive !
M. Jacques-Remy Girerd, bonjour et merci beaucoup de nous accorder de votre temps pour répondre à cette interview.
-Vous êtes un touche à tout, vous avez été entre autre représentant en vins, prof de dessin, cuisinier ou encore électricien ; comment en êtes-vous venu à créer votre propre studio de production Folimage ?
Jacques-Rémy Girerd : J’ai fait beaucoup de choses dans ma vie, en effet. J’ai par exemple été représentant en vins de Bordeaux quelques semaines, mais ça a été pour voir très vite que je n’étais pas du tout fait pour cela… Le métier que j’ai appris aux beaux-arts est la peinture, celui dont je rêve c’est écrivain, mais la grande partie de ma vie a été consacrée à réaliser des films. Faire des films d’animation dans les années 70 était très difficile. Il fallait absolument créer sa propre société de production car aucun producteur en place ne misait sur ce genre nouveau. D’où la création du studio Folimage. Minuscule au début, il n’a jamais cessé de grandir. Aujourd’hui il est fort de plus de cents artistes et techniciens, tous de grand talent.
-L’esprit d’Hayao Miyazaki plane au-dessus de Mia et le Migou mais quelles sont vos autres sources d’inspiration que ce soit sur ce film ou sur l’ensemble de vos œuvres?
Jacques-Rémy Girerd : J’ai beaucoup d’amitié et d’admiration pour l’œuvre de Miyazaki mais à aucun moment je ne suis inspiré par ses films. Il se trouve que nous suivons parfois des voies parallèles. C’est tout. A Folimage, nous essayons d’être inspirés par nos cultures et par ce que nous portons au fond de nous. Pour l’esthétique de Mia, Benoît Chieux, le créateur graphique du film, est parti du travail de Raoul Dufy.
-A l’ère du numérique, Mia et le Migou reste fidèle aux traditions du dessin animé ; envisagez-vous un jour de passer à l’animation numérique ?
Jacques-Rémy Girerd : L’idée était de sortir des illustrations classiques pour entrer franchement dans une démarche de peintre sans avoir peur de révéler les coups de pinceaux, les accidents de l’outil, la marque du trait. Chaque décor est une petite œuvre d’art avec sa picturalité triomphante. Les miracles de l’informatique ont fait le reste pour donner à tous ces fonds de scène lumière, profondeur et dimension cinématographique. A dire comme cela tout paraît simple mais il a fallu batailler. Au delà de la retouche des décors, nous utilisons en permanence l’outil numérique qui permet de mieux gérer les effets graphiques. Les dessins, tous faits à la main, entrent dans une chaîne numérique et passent de logiciels en logiciels. Le grand principe c’est que cela ne se détecte pas.
Si dans un plan on perçoit la présence de l’ordinateur, nous revenons en arrière pour trouver une solution alternative. L’ordinateur doit se plier, pas nous. Cela dit, 20 à 25 % du film sont traités en 2D ou 3D. Les effets spéciaux, omniprésents dans le film, sont presque tous réalisés en images de synthèse. Utiliser les outils d’aujourd’hui nous permet d’aller plus loin sans rompre avec la magie sensuelle de l’animation traditionnelle. Tout est perfectible à tout moment, c’est un atout considérable de précision et d’efficacité. Nous avons réussi à mixer harmonieusement originalité graphique et technologie de pointe. Le résultat est saisissant et très moderne.
-J’ai lu dans les médias que vous aviez eu des difficultés pour financer Mia et le Migou est-ce justement parce qu’il s’agit d’un dessin animé traditionnel et non d’un film d’animation numérique ?
Jacques-Rémy Girerd : Encore une fois le numérique est très présent dans Mia et le Migou. Le succès d’un film devrait se faire sur la qualité de son histoire et non sur sa technique. Si j’ai eu des difficultés pour monter ce film c’est que le cinéma est compliqué à financer en France mais pas que. Il faut beaucoup d’argent, et comme nous n’avons rien au départ, il faut trouver l’essentiel du budget à l’extérieur. Dégager suffisamment de confiance pour des partenaires s’engagent ; C’est cela qui est difficile.
-Votre actualité après la sortie au cinéma de Mia et le Migou, c’est la publication de votre nouveau roman Preuves d’amour et d’ailleurs… ; quels sont vos projets à venir ?
Jacques-Rémy Girerd : Preuves d’amour et d’ailleurs est la partie immergée d’un travail littéraire que je mène assez secrètement. L’éditeur est tout petit. On peut trouver le roman via la site de Folimage www.folimage.com. Quand au cinéma, je suis en train de produire un nouveau long métrage. Une vie de Chat de Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol. Le film est au milieu du gué et nous allons commencer la réalisation de mon nouveau film Tante Hilda contre Attilem sur lequel nous avons déjà consacré deux années de développement.
-Un dernier mot à adresser aux internautes ?
Jacques-Rémy Girerd : Mia et le Migou a demandé six années de travail à plus de 200 personnes. C’est une œuvre faite de conscience et de beauté, d’élégance et d’engagement. J’invite tous les internautes à soutenir le studio Folimage en allant voir ce film qui ravit petits et grands ? Je rembourse les déçus.
Nous vous remercions Jacques-Rémy Girerd.